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Cinétique et quantification des anticorps neutralisants chez les patients atteints du COVID-19

Université de Picardie Jules-Verne

Contexte : Il est encore tôt pour affirmer fermement que les patients guéris du COVID-19 sont protégés contre une nouvelle infection par le SARS-CoV-2.

 

Objectif : Des données très préliminaires suggèrent tout de même que la réinfection n’a pas lieu chez les macaques préalablement infectés par ce virus et que les anticorps neutralisants pourraient jouer un rôle majeur dans cette protection [1]. Toutefois, il avait aussi été suggéré pour le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV qu’un faible titre en anticorps pourraient faciliter l’infection par un mécanisme de « facilitation dépendante des anticorps » [2].
Il est donc important de pouvoir évaluer la réponse immunitaire chez les patients atteints du COVID-19 en mesurant la production d’anticorps par des tests sérologiques classiques mais aussi en évaluant plus précisément la production des anticorps neutralisants.

 

Nous proposons d’étudier la cinétique d’apparition des anticorps neutralisants chez les patients atteints du COVID-19. Pour cela, nous utiliserons des particules rétrovirales pseudotypées avec la protéine Spike du SARS-CoV-2. Ce modèle de pseudotypes rétroviraux a déjà été utilisé par des membres de notre équipe AGIR (UR-UPJV 4294) pour étudier la neutralisation du Virus de l’hépatite C par les anticorps [3] et par d’autres laboratoires pour le SARS-CoV-2 [4]. Il permet de s’affranchir d’un modèle de culture du virus natif et présente ainsi l’avantage de pouvoir être utilisé en laboratoire NSB2 (Niveau de Sécurité Biologique 2). Il permet aussi de tester un grand nombre d’échantillons à moyen/haut débit.
Les données obtenues grâce à ce projet permettront de mieux connaître la réponse immunitaire développée après une infection par le SARS-CoV-2. Nous avons développé au laboratoire une technique sérologique « maison » mais également évalué quatre tests de détection rapide des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2. Fort de ce développement et de nos résultats, nous pourrons évaluer la dynamique d’apparition des anticorps neutralisants ainsi que leurs titres en utilisant la cohorte longitudinale de la Biobanque. Notre étude permettra également de sélectionner des plasmas de patients guéris avec de hauts titres en anticorps neutralisants pour une éventuelle utilisation thérapeutique. Un tel traitement est à l’étude dans trois régions de France depuis le 7 avril (essai Coviplasm ; Ile-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté) mais, pour le moment, les patients guéris du COVID-19 qui donnent leur plasma via l’EFS ne sont pas sélectionnés suivant ce titre d’anticorps. Finalement, notre étude pourrait mener au développement d’anticorps neutralisants thérapeutiques contre le SARS-CoV-2 sur un projet à plus long terme [5].
En terme de bénéfices pour le patient, nos résultats doivent permettre de mieux appréhender la réponse immunitaire et sa variation inter-individuelle. Ils pourraient aussi permettre de proposer une prise en charge différente (plasmathérapie, nouveaux antiviraux) pour les patients avec une cinétique lente. Pour la santé publique, nous espérons apporter de nouvelles connaissances sur cette pathologie et identifier des « super-répondeurs » au SARS-CoV-2 qui pourrait être des donneurs potentiels de plasma à des fins thérapeutiques.

 

Partenaire : Laboratoire AGIR (UR-UPJV 4294)

 

Etienne BROCHOT

  Université de Picardie Jules-Verne